dimanche 1 décembre 2013


J'arrive à l'instant critique de ma vie où je me dis que mes rêves ne vont pas arriver par la poste un beau matin d'été, que Fedex ne va pas me les livrer en même temps que mon dernier achat internet. J'arrive au moment crucial où je me dis que chaque après-midi passé dans mon lit, à baver devant le torse de Damon à détester le monde entier et l'idée de devoir remettre mes pieds dans un bus sentant la transpiration une fois de plus, est un après-midi en moins, un après-midi perdu dans la réalisation de mes futures carrières. Je dis mes futures carrières parce que je pense au pluriel et au plus que parfait depuis l'âge de douze ans.
Depuis l'âge où notre ancien voisin nous a fait cadeau de toutes ses vieilles cassettes et que j'y ai trouvé mon hymne de vie, Les Scouts de Beverly Hills. Roger si tu m'entends, si tu me lis, si tu es encore vivant, je voulais te remercier de m'avoir ouvert les yeux sur les plaisirs de la vie luxueuse. Je ne fais pas l'éloge du luxe, du superficiel et des bracelets Cartier, parce que chacun a tout à fait le droit de vivre comme il veut. C'est la première close de notre constitution - J'ai pas vérifié, so dont hate.

Mais je n'ai jamais été le genre de fille qui se suffit de peu. Celle qui n'aspire à vivre que d'amour et d'eau fraiche sur une île déserte, à faire du Feng Shui et à s'assainir la flore intestinale à grande coupe d'eau de Coco, enfin pas avant mes 60 ans, quand mon âme rebelle sera apaisée .
Quand j'aurai conquis le monde, conquis chaque parcelle qu'il contient, les rochers enfuis au fond de l'Atlantique et tous les coquillages des plages de Coney Island. Quand j'aurai avalé New York, Séoul et Sao Paolo au petit déjeuner que je prendrai mon diggestif à LA en plein jetlag de Durban. Quand j'aurai lancé ma ligne de robe de mariée, quand j'aurai une vitrine chez Harrods et un coin chez Barneys, quand les galeries Lafayette me demanderont de me lancer dans le prêt-à-porter et que Nike me donnera le feu vert pour une nouvelle paire des basket, quand Tom Ford me demandera des conseils pour exotiser sa dernière collection. Quand je voudrai me poser un peu pour éduquer mes 3 enfants loin du star system, ce qui me laissera le temps d'écrire deux livres, un sur l'amour et l'autre sur la haine, un scénario sur une fille qui veut donner un sens à sa vie et qui quitte tout du jour au lendemain, de dessiner les plans de ma future chaine de restaurants et le découpage des plans pour le dernier parfum Saint Laurent Paris.
La plupart diront que je rêve, que tout marche par les pistons et que même si ta maman est super gentille et cuisine très bien le poulet, personne ne la connait, que j'ai plus de chance de voir une éclipse deux jours de suite plutôt que de déjeuner avec Vivienne Westwood. Je leur réponds que beaucoup ont dû dire à Victoria Beckham de redescendre sur terre, qu'elle avait une chance sur 30.000 de percer dans la musique, que Posh était un surnom super ringard et que personne n'allait accrocher, je leur réponds qu'il faut d'abord croire en soi avant que les autres vous accordent de l'intérêt, que faire ce que j'aime et échouer me rendra plus vivante que d'avoir une carrière pépère et sans surprise, je leur réponds que ce qui me pousse à me lever le matin et à ne pas gifler mes profs c'est la promesse de l'avenir, les croquis qui croupissent dans mon armoire, les débuts de livre que j'écris sur une serviette en papier en attendant mes copines, les idées folles qui surgissent dans mon esprit dérangé, à 6h du matin quand j'attends le bus après une soirée pourrie, la vision de ma villa sur la corniche à Dakar, juxtaposant celle de mes parents, de mes oncles, de mes tantes, de mes soeurs et de mes meilleures amies.
Et plus que tout, comme l'a dit Queen Del Rey avant moi, quand j'arriverai devant Dieu, je veux pouvoir lui dire que j'ai usé et ré-usé de tous les talents dont Il m'a fait cadeau, que j'étais souvent sur la paille, que j'ai souvent galéré et compté mes pièces rouges mais que j'ai vécu ma vie, mes vies à fond et que c'est le coeur léger et remplit de souvenirs éblouissants que je Le rejoins. Mais pour ça il faut que j'éteigne mon Mac, dise au revoir à Stephan Salvatore, que j'arrête de me reposer sur mes lauriers, qui d'ailleurs ne sont pas bien épais et me font super mal au cou, et que j'aille conquérir l'Univers - je suis sûre que les martiens ont beaucoup à offrir. Rome ne s'est pas faite en un jour mais elle ne s'est sûrement pas faite devant un épisode de Grey's Antomy. Lève-toi et montre-leur de quoi tu es capable. 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire

Popular Posts