"Mais si tu viens d'Afrique, pourquoi t'es blanche ?" Il y a des films qui détermineront à jamais mes choix de vie.
C'est la pensée que j'ai eu hier, assise sous une drache dont seul le ciel belge a le secret.
Lorsque j'étais au sol à admirer mes plastiques bleues trempées et à panser mes plaies, j'ai revécu toutes ces choses de mon enfance qui me manquent.
C'est la pensée que j'ai eu hier, assise sous une drache dont seul le ciel belge a le secret.
Lorsque j'étais au sol à admirer mes plastiques bleues trempées et à panser mes plaies, j'ai revécu toutes ces choses de mon enfance qui me manquent.
Ces vendredis où on se blottissait l'une contre l'autre avec mes soeurs pour regarder Star Academy, les larmes qu'on a versé à la défaite d'Houcine, les dimanches après-midi passés dans notre salon devant les vidéos "Chantons ensemble" de Disney et Rox et Rouky.
Je remets en place ma culotte mouillée et j'ai la nostalagie d'une époque où tout était simple et doux, où connaitre toutes les chansons d'une comédie musicale n'était pas synomyme de péché capital, où Beyoncé et Jenifer n'avaient pas refait leur nez.
Ces mercredis, après l'école, où j'enregistrais les chansons à la radio sur une cassette, puis que je devais mettre pause, play et rembobiner pour avoir le temps d'écrire toutes les paroles dans mon carnet. Et qu'à la fin je demandais à toute ma famille de se taire pour que je puisse enregistrer une chanson sur mon téléphone pour en faire ma sonnerie.
Je me rappelle l'époque où on allait voir les princesses de Disney au cinéma et que les dessins étaient faits à la main.
L'époque où j'appelais mes copines sur leur fixe, le soir, une par une parce qu'il n'y avait pas encore d'appel en conférence. Et notre mot secret qui voulait dire : je ne peux pas te répondre à voix haute maintenant, ma mère me fixe.
Ces mercredis, après l'école, où j'enregistrais les chansons à la radio sur une cassette, puis que je devais mettre pause, play et rembobiner pour avoir le temps d'écrire toutes les paroles dans mon carnet. Et qu'à la fin je demandais à toute ma famille de se taire pour que je puisse enregistrer une chanson sur mon téléphone pour en faire ma sonnerie.
Je me rappelle l'époque où on allait voir les princesses de Disney au cinéma et que les dessins étaient faits à la main.
L'époque où j'appelais mes copines sur leur fixe, le soir, une par une parce qu'il n'y avait pas encore d'appel en conférence. Et notre mot secret qui voulait dire : je ne peux pas te répondre à voix haute maintenant, ma mère me fixe.
Pour les personnes nées après moi, l'époque où je devais quitter internet parce que mon père avait besoin du fixe doit leur paraitre tellement loin et pourtant je m'en souviens comme ci c'était hier et j'ai toujours l'impression de ne pas avoir grandi.
Dans mon coeur et dans ma tête, je suis toujours cette petite fille qui se battait avec ses voisines pour avoir le droit d'être à la fois sailor moon et sailor vénus.
Parce qu'à cet époque choisir ne voulait pas dire renoncer. On avait le droit d'être tout ce que l'on voulait, sénatrice ou présidente des USA un jour, danseuse de Snoop Dogg le lendemain.
Je parlais de l'âge adulte comme d'une maladie que je ne pourrai jamais attraper à part si je faisais vraiment exprès.
Mais depuis que j'ai décidé de me refaire toutes les saisons des Frères Scott, j'ai l'impression d'être en phase terminale. Ma vie ressemble à La Ligne Verte et la nuit, elle est amère comme le café. Et ça s'écrit pareil.
Dans mon coeur et dans ma tête, je suis toujours cette petite fille qui se battait avec ses voisines pour avoir le droit d'être à la fois sailor moon et sailor vénus.
Parce qu'à cet époque choisir ne voulait pas dire renoncer. On avait le droit d'être tout ce que l'on voulait, sénatrice ou présidente des USA un jour, danseuse de Snoop Dogg le lendemain.
Je parlais de l'âge adulte comme d'une maladie que je ne pourrai jamais attraper à part si je faisais vraiment exprès.
Mais depuis que j'ai décidé de me refaire toutes les saisons des Frères Scott, j'ai l'impression d'être en phase terminale. Ma vie ressemble à La Ligne Verte et la nuit, elle est amère comme le café. Et ça s'écrit pareil.
La prochaine étape est de me mettre en couple avec un homme gentil et attentionné portant le doux prénom de George et d'adopter un chat qu'on appellera Hipoly.
Je suis persuadée que ce chat signera mon arrêt de mort.
Comment pourrais-je adopter quoi que ce soit avec un homme, si je ne sais même pas si Hipoly est un nom acceptable pour un chat ? Ou peut-être que je déciderai de l'appeler Hipoly pour faire plaisir à George et qu'un jour, le bouchon éclatera et j'hurlerai à George que si il appelle encore une fois ce chat Hipoly, je le quitte.
Et George me regardera déconcerté en me disant que c'est comme ça qu'il s'appelle. Et je me sentirai nulle d'avoir accepté Hipoly et d'avoir accepté George. Je serai seule et abandonnée et sans le chèque de Tom Hanks. Tout le monde me dira que je suis folle, que la plupart des hommes sont des salauds et qu'il faut être reconnaissante d'avoir dénicher un mec potable, assez désirable pour accepter d'essayer d'avoir des enfants avec et moyennement banquable. Toutes mes copines me whatsapperont pour me dire à quel point George est gentil. Et pour ne pas blesser ce gentil George, Hipoly et ma mère, je m'excuserai en disant que j'ai passé une mauvaise journée. La nuit, après le calin post-dispute réglementaire, je pleurerai en silence la petite Coumbis que j'ai laissé sur le tarmaque à l'âge de 24 ans, sous la pluie bruxelloise. Je l'aurais abandonné au profit d'une vie stable et d'une cuisine super équipée.
Je suis persuadée que ce chat signera mon arrêt de mort.
Comment pourrais-je adopter quoi que ce soit avec un homme, si je ne sais même pas si Hipoly est un nom acceptable pour un chat ? Ou peut-être que je déciderai de l'appeler Hipoly pour faire plaisir à George et qu'un jour, le bouchon éclatera et j'hurlerai à George que si il appelle encore une fois ce chat Hipoly, je le quitte.
Et George me regardera déconcerté en me disant que c'est comme ça qu'il s'appelle. Et je me sentirai nulle d'avoir accepté Hipoly et d'avoir accepté George. Je serai seule et abandonnée et sans le chèque de Tom Hanks. Tout le monde me dira que je suis folle, que la plupart des hommes sont des salauds et qu'il faut être reconnaissante d'avoir dénicher un mec potable, assez désirable pour accepter d'essayer d'avoir des enfants avec et moyennement banquable. Toutes mes copines me whatsapperont pour me dire à quel point George est gentil. Et pour ne pas blesser ce gentil George, Hipoly et ma mère, je m'excuserai en disant que j'ai passé une mauvaise journée. La nuit, après le calin post-dispute réglementaire, je pleurerai en silence la petite Coumbis que j'ai laissé sur le tarmaque à l'âge de 24 ans, sous la pluie bruxelloise. Je l'aurais abandonné au profit d'une vie stable et d'une cuisine super équipée.
Mes rêves d'enfant deviendront une anecdote pour mes brunchs entre copines aigries. En mangeant une seule part de cheesecake, parce que la cellulite est plus tenace avec l'âge, on se dira que le temps à filé à une de ces vitesses. Je rirai jaune et me demanderai où est parti le sentiment "avoir la vie devant moi".
Celui que j'avais tellement hâte de rencontrer en grandissant, quand je serai assez vieille pour avoir ma propre psy comme Ally Mcbeal, pour avoir des peines de coeur à raconter à ma copine de New York, en utilisant le téléphone du bureau, le même que je raccrocherai, en pleurs, au nez d'un garçon qui aurait préféré un match de criquet à notre balade en amoureux.
Maintenant que je suis en plein dans "Toute la vie devant moi", que j'ai 24 ans, qu'on ne m'a pas encore diagnostiqué une tumeur fulgurante, qu'un camion n'a pas encore fait de moi son 4h, il ne tient qu'à moi de ne pas remplir mon vocabulaire de mots dégueulasses comme compromis, raisonnable et "Tu deviens vieille, bientôt plus personne ne voudra de toi".
A ne pas me satisfaire de l'à peu près, de la moyenne et de l'acceptable. Il ne tient qu'à moi de me réveiller tous les matins heureuse, en étant persuadée que le meilleur reste à vivre et à me répeter pendant toute la durée de mon brossage de dents : I don't wanna be a hot girl, i wanna be iconic - Beyoncé. What else ?
A ne pas me satisfaire de l'à peu près, de la moyenne et de l'acceptable. Il ne tient qu'à moi de me réveiller tous les matins heureuse, en étant persuadée que le meilleur reste à vivre et à me répeter pendant toute la durée de mon brossage de dents : I don't wanna be a hot girl, i wanna be iconic - Beyoncé. What else ?